Pour commencer (inévitable parce que si intéressant), un bref aperçu de l'histoire des effets de modulation.
Les premiers effets de modulation sont apparus très tôt - mais pas sous forme de pédales. Depuis que Monsieur Leo Fender équipa sa deuxième guitare, la Fender "Stratocaster", d'un levier faisant varier la tension des cordes, il est modulé sans lendemain. Par contre Leo Fender ne fut a pas aussi inventif avec les désignations, et est responsable jusqu'à aujourd'hui que deux "histoires" bien différentes soient toujours confondues. Son "bras de trémolo" produit un vibrato, en d'autres termes: la tonalité peut être modulée mais en aucun cas le volume. La modulation du volume est effectuée le trémolo. Mais cette mauvaise désignation est toujours présente dans de nombreux catalogues, donc....
Sur beaucoup de vieux amplificateurs Fender, et même sur de nouveaux modèles, se trouve un bouton de contrôle "Vibrato"avec lequel l'effet "trémolo" est réglé. Au moins Fender est resté fidèle à son erreur.
L'effet "trémolo" fut très utilisé, et cela depuis l'apparition des premiers amplificateurs à lampes équipés de cet effet, jusque vers la fin des année 60. Puis de nouveaux effets de modulation apparurent, et le trémolo fut considéré comme démodé et disparu de la scène pendant des décennies. De nos jours, il est de nouveau apprécié par les musiciens utilisant des sons rétros, et produit avec une saturation de spectaculaires sons "fracassés".
Dans les années 60, ce sont surtout les Beatles (logique) et Jimi Hendrix, qui portèrent ces effets au devant de la scène. Dans leur rôle de pionniers et d'avant-gardistes, les Beatles essayèrent, avec la permission de leur producteur George Martin et l'aide active des ingénieurs du son Geoff Emmerick et Ken Townsend, tout ce qui était possible (et dans certains cas même impossible). Certains solos de guitare à l'envers ("I'm Only Sleeping") et parties de chants ("Rain") ne pouvaient être réalisés qu'en studio, et beaucoup d'idées des Beatles furents un modèle pour des solutions plus pratiques. Les Beatles étaient fascinés par la manière dont une cabine Leslie (haut-parleur rotatif étant déjà un standard pour les sons d'orgue) fonctionnait avec les voix et les guitares. Du fait que les cabines Leslie étaient énormes et lourdes, fut développée la cabine Vibratone. Un haut-parleur rotatif de 10" (pouces) est installé, et puisque la cabine Vibratone se connecte sur un amplificateur de guitare normal, l'amplification à lampes, tellement importante pour les sons classiques de Hammond, est supprimée. Les sons de guitare, comme dans les chansons "You Never Give Me Your Money" des Beatles, et "Badge" de Cream (George Harrisson l'a composée et joue également dessus), font usage de cette effet. Et deux décennies plus tard, le légendaire Stevie Ray Vaughn se rappela de cet effet, et produisit avec (surtout sur "Couldn't Stand The Weather") un vrombissant merveilleux. David Gilmour l'a également utilisé (en particulier sur "Dark Side Of The Moon"), et il possède, toujours aujourd'hui, au moins un haut-parleur rotatif dans sa gigantesque configuration.
Mais même cette version plus petite était encore lourde. C'est alors que Roger Mayer, qui après avoir d'abord fourni Jeff Beck et Jimmy Page avec différents boosters, et étant devenu le "bricoleur" personnel de Jimi Hendrix, créa l'Univibe, une pédale ingénieuse permettant d'avoir un son de Leslie de manière compacte et portable. La ressemblance avec un véritable haut-parleur rotatif est loin d'être réelle, mais la plupart des guitaristes de l'époque aimaient beaucoup cette modulation. Ainsi, le signal de départ fut donné pour les pédales de modulation de toutes sortes.
Retour aux Beatles. En 1964, presque toutes les pistes vocales étaient doublées en studio - un travail fastidieux et pas toujours couronné de succès, car toutes les nuances des pistes originales devaient être aussi précisément chantées à nouveau. Cependant, le succès justifia l'effort. C'était John Lennon, qui toujours paresseux, aurait préféré enregistrer ses parties de chant en une seule prise, puis les oublier de suite. Ken Townsend développa spécialement pour lui l'ADT (artificial double tracking - doublage de piste artificiel) en copiant la piste vocale sur un deuxième enregistreur à bande, puis la lisant de manière synchrone avec l'original, tout en ralentissant la bobine (flange) manuellement. Affectueusement, les Beatles appelèrent cette astuce, audible à partir d'environ 1966, le "Kens Flanger". Le légendaire solo de Clapton sur "While My Guitar Gently Weeps" fut "traité" de manière plus violente, car le maître lui-même ne voulais pas sonner comme sur un enregistrement des Beatles.
Si vous voulez écouter ce qui se passe lorsque vous traitez tout un mix de cette manière extrême, alors référez-vous aux chansons "Axis: Bold As Love" de Jimi Hendrix ou "Itchycoo Park" des Small Faces. Par la suite, des pédales ont été conçues afin de pouvoir utiliser cet effet sur scène.
Les pédales phaser (successeurs directs des effets Vibe) imitent mieux le son d'un haut-parleur rotatif. Ainsi elles se propagèrent rapidement, car tout le monde pouvait moduler sur scène pour relativement peu d'argent. En outre, elles ne sonnent pas tout à fait aussi spectaculaire qu'une pédale flanger, mais en contrepartie l'effet est moins énervant à la longue.
Les pédales flanger, se rapprochant le plus du bon viel effet studio, firent leur apparition vers le milieu des années 70. Et de nombreux guitaristes vendirent leur phaser pour acheter ce type de pédale et "flanger" a tire-larigot. Néanmoins, vous pourrez en entendre relativement peu sur des enregistrements de cette époque, et pour une bonne raison. Dans le long terme, un effet flanger intensif est assez ennuyeux. Quelques bons exemples sont cependant à mentionner: certaines intros et passages claires d'Eddie Van Halen bien "flangés", ou la chanson "Barracuda" du groupe Heart, qui est peut-être le plus bel exemple d'une utilisation d'un flanger sans être forcément gênante. Bien sûr, vous pouvez régler un flanger de manière que celui-ci sonne comme un jet, mais cela n'est certainement pas une obligation. Réglé de manière discrète, vous pourrez créer des sons légérement flottants, sans sifflements, ce qui nous rapproche du prochain effet: le chorus. Les pédales chorus furent développées presque en même temps de les pédales flanger. Il était dit à l'époque, que les chorus sonnaient comme des haut-parleurs rotatifs, ou qu'ils pouvaient transformer une guitare six cordes en version douze cordes. Mais naturellement, ceci n'est pas tout à fait exact. Ils simulent la largeur et le flottement d'une cabine leslie lente, mais sans la rotation, et ils sonnent effectivement comme des cordes doublées, mais ne peuvent pas simuler le son typique d'une douze cordes avec ses cordes d'octave. D'ailleurs aucunes pédales actuellement ne peut le faire.
Néanmoins, le chorus est vite devenu un effet populaire, et il l'est toujours de nos jours. Les sons clairs à la mode des années 80 sont toujours appréciés, et de nombreux guitaristes les utilises en permanence afin de rendre de leur son stéréo (ce qui est probablement une question de goût avec les sons saturés).
L'essentiel a été dit sur ce sujet, à part bien sûr que dans les années 80, des racks d'effets coûteux, et qui pouvaient tout, étaient obligatoires. Mais ils n'ont jamais put délivrer le charme et la chaleur des pédales. Depuis, il n'y a pas eu de grandes révolutions dans ce domaine. Les versions numériques sont de plus en plus abordables, mais jusqu'à présent, le son n'est pas aussi chaud et charmant que les effets analogiques. La modélisation d'effets est à la mode, et il existe déjà d'exellentes copies de sons originaux. Mais les pédales colorées donnent toujours du plaisir aux guitaristes.